Une cavalerie à 40 escadrons ?

 

La dissolution du 4ème régiment de Dragons est peut-être l'arbre qui cache la forêt des restructurations à venir au sein de la cavalerie. Comme expliquait le général Sainte Claire-Deville, le père de l'arme (en 2013), le pion de base de la cavalerie est l'escadron, pas le régiment. « La cavalerie, c'est cinquante escadrons très sollicités », confiait-il en mai dernier. Ce pourrait bientôt n'être plus que quarante escadrons, qui seraient au passage renforcé.

 

Selon nos informations, les réflexions en cours pourraient aboutir à ce nouveau format, avec la suppression de dix escadrons, soit une réduction de 20 %. Outre les quatre escadrons de Leclerc du 4ème RD, dissous, six autres escadrons seraient supprimés.

 

Plusieurs pistes sont à l'étude, en particulier la fusion des actuels 7 escadrons d'aide à l'engagement (sur VAB et VBL) à vocation antichar avec les 6 escadrons d'éclairage et d'investigations directement rattachés au niveau brigade. Ils deviendraient tous des ERIAC (escadron de reconnaissance et d'intervention antichar), à raison d'un par régiment lourd ou léger. Soit 10 ERIAC au lieu de 13 EAE + EEI. Soit -3.

 

Pour atteindre le chiffre de 10 escadrons à supprimer, les régiments de chars Leclerc (12ème Cuirassiers d'Olivet, le 501ème régiment de Chars de combat de Mourmelon et le 1er Chasseurs de Verdun) seraient réorganisés sur la base de 3 escadrons et non plus 4 comme aujourd'hui. Ces escadrons lourds seraient toutefois « densifiés », les pelotons passant de trois à quatre chars. Les pelotons de la « légère », sur AMX-10 RC, seraient également renforcés en effectifs.

Les EEI et EAE disparaissent

 

Les six escadrons d’EEI sont des unités de cavalerie très particulières, équipant presque la totalité des brigades françaises (seules la Brigade d’Infanterie de Montagne et la 11ème Brigade Parachutiste n’en possèdent pas). Ces unités de reconnaissance originales créées durant la seconde guerre mondiale sont rattachées directement au commandant de brigade. Bénéficiant ainsi d’une grande indépendance, ces unités ont finalement un statut assez particulier dans l’armée de Terre et se sont fait une belle réputation durant leurs engagements. De toutes les opérations (Liban, Côte d’Ivoire ou Mali), l’EEI constituait l’ossature de la QRF en Afghanistan et est à maintes reprises venue appuyer des unités françaises en difficultés. Sans doute due à son fort esprit d’indépendance, l’EEI est également connu pour avoir forgé de forts caractères et donné à l’armée de terre de grands chefs, à l’instar du général Ract Madoux (EED de la 7ème division blindée), chef d’état-major de l’armée de Terre (en 2013). De création beaucoup plus récente, les escadrons d’aide à l’engagement (EAE) ont néanmoins connu une vie opérationnelle chargée ; de l’Afghanistan au Liban. Plus récemment, au Mali, durant l’opération Serval, les EAE engagés ont assuré très efficacement pendant plus de deux mois la sécurisation de la ville de Tombouctou.

 

« Moins avec plus »

 

La cavalerie française ne sera donc demain plus formée que de 40 escadrons qui du coup vont être « densifiés ». Les régiments Leclerc vont ainsi passer de 13 à 17 chars XL et ainsi, dès l’année prochaine, un peloton sera constitué de 4 chars au lieu de 3 actuellement. « On fait moins avec plus » commente une source proche du dossier. Conséquence, les unités envoyées demain en Opex seront aussi plus lourdes.

 

Les EEI sont morts, vive les ERIAC

 

Unités de reconnaissance, les montures des EEI sont les VBL (un escadron = 3 pelotons à 6 VBL), tandis que les EAE sont des unités d’engagement anti-char. Fortement armées (VAB Hot ; VBL et VAB T20-13), une des critiques des EAE était leur faible protection sous blindage. Toutes ces unités vont donc disparaître et être reversées dans des unités recrées, les ERIAC (Escadron de Reconnaissance et d’Investigation Anti-Char), qui récupèrent les missions à la fois des EEI et des EAE. Ainsi demain, un régiment de cavalerie sera composé de 3 escadrons de chars lourds (Leclerc) ou légers (AMX10RC ou Sagaie) et d’un ERIAC.